EDITO SEPTEMBRE 2019
On passe à autre chose et tout paraît possible, le meilleur comme le pire.
Énergies, compétences, innovations, politique, tendances de consommation et aspirations de chacun changent. Il faut comprendre et anticiper.
Le secteur du déchet, même arrimé en France a une solide réglementation, n’est pas à l’abri des ruptures et des initiatives d’acteurs tiers.
Le pétrole qui soutient notre développement depuis des dizaines d’années, va en décroissance. Les premiers coups de boutoir sur notre première énergie primaire ont retenti et les investisseurs s’en détournent. Dans un jeu de domino étonnamment rapide, à l’initiative des Américains chassant Volkswagen Group de leur marché, le diesel est mort. Cet appel d’air puissant a ébranlé notre mobilité, avec pour seule échappatoire l’avènement de l’électrique. En attendant, l’industrie automobile européenne qui ne pèse rien moins que 25 % de notre PIB, est en crise et la production industrielle entière chute avec des répercutions sur les filières déchets.
La fin des États était annoncée, promise.
Mais la donne a changé : protectionnisme américain, Brexit, ambitions chinoises… les Nations réaffirment leur pouvoir et leur souveraineté face aux chantres du mondialisme, dans un mouvement général de repli sur soi.
Le grand export pour tout et n’importe quoi va s’arrêter : le modèle du low cost touche à sa fin, faute de ressources pas chères, et nous voulons du local.
Le déchet aussi se relocalise, de gré et de force. Depuis que la Chine refuse les déchets plastiques de mauvaise qualité, la Malaisie, les Philippines et maintenant l’Indonésie, réexpédient en Europe des dizaines de conteneurs illégaux. Nous devons gérer et traiter nos déchets localement.
Ces soubresauts géopolitiques nous rappellent à la raison.
L’essoufflement de la mondialisation et du pétrole ne sont pas une fatalité. Simplement, nous passons à autre chose. Le traitement de nos déchets évolue aussi. L’Europe innove avec le recyclage chimique du plastique et la mise en service des premières usines de grandes capacité en 2020.
Le recyclage chimique recouvre trois technologies différentes avec la dissolution par solvants, la dépolymérisation et les procédés thermiques.
En France, Soprema vient de lancer une usine qui transforme les déchets de barquettes et de bouteilles en panneaux d’isolation. Le Britannique Plastic Energy prévoit d’ouvrir 20 usines d’ici 2024, dont 10 en Europe, pour produire notamment des huiles d’hydrocarbure. Ce plan de développement nécessite de lever 800 millions d’euros. Le groupe veut boucler son montagne financier l’été prochain.
Dans le déchet, le renouveau vient aussi d’acteurs tiers qui proposent d’autres débouchés aux matières. Autour de Lyon, 11 paysagistes ont ainsi créé la société Terres Fertiles qui produit de la terre végétale. Les terres de sous-couche issues des chantiers de travaux publics, souvent destinées aux remblais, sont ici récupérées et recouvertes d’une litière de limons régénérés pour produire de la terre végétale. Cette terre revient au même coût, mais elle offre une solution durable et locale.
Les acteurs du déchet doivent saisir ces nouveaux débouchés et se préparer à de nouvelles concurrences.
Enfin, les entreprises doivent composer avec l’humain. Là encore nous passons à autre chose : nous manquons de compétences, l’éducation nationale ne forme plus et il faut aujourd’hui composer avec des générations manquantes.
L’intelligence artificielle viendra suppléer au manque d’humains et les sociétés miseront sur les gains de productivité faute de bras et de cerveaux disponibles.
Dans un environnement difficilement lisible, les acteurs du déchet doivent comprendre ces grandes lignes de force du changement.
Chez KERLOG, nous restons attentifs aux évolutions de la filière pour vous apporter un éclairage et les solutions toujours optimales dans votre activité.
Jean-Jacques Le Gall, directeur général de KERLOG
BRÈVES SEPTEMBRE 2019
La production automobile française va chuter en 2020 tandis que la sidérurgie européenne menace de replonger dans la crise
Le niveau de production des usines automobiles françaises chutera de 22 % en 2020, à 1,7 million de véhicules, selon le cabinet IHS. C’est moins de la moitié du record historique de 2004.
Cette brutale baisse s’explique par le départ de France de la fabrication de plusieurs modèles importants, notamment chez Renault et PSA. C’est une conséquence du dieselgate orchestré par le gouvernement qui voit désormais les chaînes fermer.
Sur fond de crise du secteur automobile, la sidérurgie est en passe de replonger dans la crise. Inondée par un acier à bas coût du fait des droits de douane de 25 % imposés par Donald Trump, l’Europe, en surcapacité, a vu sa production d’acier baisser de 2,4 % sur les 5 premiers mois de 2019. ArcelorMittal a réduit sa production, British Steel est sous administration judiciaire… c’est la totalité de la sidérurgie en Europe qui pourrait être éliminée selon l’association professionnelle Eurofer.
L’exemple Romain en matière de déchets
Rome croule sous ses déchets et l’hygiène publique menace ruine.
Dans les rues de la capitale italienne, les ordures s’accumulent, jusqu’en plein centre-ville. Mouettes et rats s’en donnent à cœur joie, tandis que germes et parasites prolifèrent. Au mauvais tri des Romains s’ajoutent le nombre insuffisant de bennes et des infrastructures vétustes, voire inexistantes.
En 2013, la plus grande décharge de la ville a été fermée, du fait de la pollution et d’une gestion opaque. L’Ama, la régie municipale en charge de la collecte et du tri, surendettée de 600 millions d’euros, connaît un taux d’absentéisme de 15 %.
Cette incurie menace de traverser les Alpes alors qu’en France les écologistes et les préfets ferment les centres de tri.
Notre monde ne peut vivre sans une bonne gestion des déchets.
Stockage de l’électricité : la révolution est en marche
Le marché mondial du stockage, encore balbutiant, devrait progresser de 16 % par an d’ici 2030 pour atteindre 27 milliards de dollars, et jusqu’à 58 milliards en 2040, selon Bank of America Merrill Lynch.
En 20 ans, les capacités de stockage passeraient ainsi de moins de 10 GW à
1 000 GW, grâce à 662 milliards de dollars d’investissements.
Cet essor sera porté par le développement des énergies renouvelables intermittentes (éolien, solaire) et par l’écart de prix croissant entre pics de demande et capacités de production excédentaires.
A cela s’ajoute la baisse continue du prix des batteries. Ce stockage verra des batteries déployées à côté des champs d’éolienne et des fermes solaires, ainsi que chez les particuliers.
Les vaches, les prés et les végans
La généralisation du modèle alimentaire végan serait une impasse environnementale : c’est l’affirmation de Thomas Nesme, professeur d’agronomie à Bordeaux Sciences Agro.
Les animaux d’élevage valorisent les prairies qui occupent la moitié des surfaces cultivées dans le monde. Ces prairies sont essentielles à la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique en stockant le carbone. Les animaux fertilisent les sols et font vivre 800 millions de personnes dans les pays pauvres du Sud. A cela s’ajoute l’intérêt paysager de nos campagnes. Et si certains voient la viande cellulaire de laboratoire comme un substitut vert, des chercheurs d’Oxford ont comparé sur 1 000 ans les émissions de gaz à effet de serre : le méthane dégagé par les animaux est plus puissant mais se dissipe, tandis que le CO2 de la viande de culture s’accumule.
Terres rares : en pleine guerre commerciale sino-américaine, l’Australien Lynas fait des réserves
Lynas, le seul grand producteur de terres rares en dehors de la Chine, va stocker 250 tonnes d’ici la fin du 3e trimestre pour ses clients stratégiques.
Le groupe minier mettra notamment de côté l’association de néodyme et de praséodyme (NdPr) utilisée pour produire les aimants permanents des éoliennes et des voitures électriques. Le NdPr est un élément décisif pour la transition énergétique.