BTP : Une fois de plus, on va subir
Les entreprises se réveillent toujours trop tard. Et faute de propositions, elles subissent. Le gouvernement a choisi la mise en place d’une REP pour les déchets du BTP, sans évaluation préalable de son impact économique. Brune Poirson, secrétaire d’État à la Transition écologique, justifie cette décision par l’absence de proposition convaincante du secteur. Un collectif de 14 organisations professionnelles, emmené par la Fédération française du Bâtiment (FFB), s’insurge, soulignant que les objectifs du projet ne cessent d’évoluer au fil de débats parlementaires et que la possibilité de proposer un système équivalent à l’avenir a été retirée du projet de loi sur l’économie circulaire. La reprise gratuite des déchets de chantier triés, à partir de 2022, se fera en contrepartie d’un prélèvement sur les ventes de matériaux de construction dont les coûts pourraient augmenter de 8 % à 10 %.
L’inflation est de retour grâce au gouvernement.
Aujourd’hui, le secteur du BTP paie environ 2 milliards d’euros pour l’enlèvement et le traitement de ses déchets. La gratuité signerait la fin des efforts de tri sur les chantiers. Une prime aux moins responsables.
Consigne : Bis repetita, avec l’État, pas de négociation possible
Quel que soit le secteur, la doctrine de l’État ne varie pas : l’infantilisation des gens. Le gouvernement vient de faire volte-face sur le projet d’une consigne sur les bouteilles en plastique.
Au Congrès des maires de France, farouchement opposés à ce projet, Emmanuel Macron avait promis que rien ne serait fait sans leur accord. Rassurant mensonge : dans la nuit du 25 au 26 novembre, Élisabeth Borne et Brune Poirson, ministre et secrétaire d’État en charge du dossier, ont annoncé que la consigne serait instaurée en 2023, après des expérimentations dans les territoires volontaires.
Malgré les milliers d’élus vent debout, la communication gouvernementale nous assure d’un consensus, avec une méthode commune pour mettre en place la consigne. Ce passage en force n’érode pas seulement la confiance, si elle existe encore, mais ébranle les programmes d’investissements dans les centres de tri.
Automobile : le marasme
Dans l’automobile, les grands plans de licenciement ont commencé.
Pour ce secteur, la transition écologique est d’abord une transition en termes d’emplois. Audi vient d’annoncer la suppression de 9 500 postes d’ici à 2025, en Allemagne, pour assurer son virage vers l’électrification.
Ces investissements massifs dans l’électrique, mais aussi la voiture connectée, s’accompagnent d’une amende colossale pour le dieselgate et de l’introduction des nouvelles normes européennes antipollution (WLTP) condamnant certains véhicules.
Mutation du marché et baisse des ventes mettent aussi en péril toute la filière automobile française. Les sous-traitants automobiles réunis à Bercy pour un plan d’urgence, annonçaient une baisse de 15 % à 30 % des commandes.
Le gouvernement va créer 2 fonds d’aide aux sous-traitants, de 25 millions d’euros chacun, pour soutenir leur trésorerie et financer leurs restructurations. Ces fonds seront financés par un malus CO2 alourdi pour les voitures sportives et les gros SUV. Encore une augmentation d’impôt !
Si vous aviez des problèmes pour recruter, vous aurez du monde grâce à l’Europe ! Mais avec un trou d’air annoncé l’an prochain pour le secteur automobile, 2020 sera une année compliquée dans la récupération.
L’usine-monde, un modèle obsolète
L’industrie va renouer les liens avec son territoire. La quête des rendements d’échelle poussant à construire parfois une seule usine pour desservir le monde entier, est un modèle révolu. La mondialisation a amené une concentration des outils de production dans l’industrie, aux mains de quelques-uns, jusqu’à faire peser des risques sur l’approvisionnement.
Mais l’usine va redevenir plus proche de ses clients, pour des raisons écologiques, commerciales, avec notamment la hausse des coûts de transport, et politiques, avec le retour du protectionnisme. Elle devra aussi être respectueuse de son environnement, pour des questions d’image, de normes et d’accès aux financements.
Cette relocalisation de la production se fera sur 20 à 30 ans et ses premiers effets n’interviendront pas avant 10 ans. La volonté de Donald Trump de relocaliser l’emploi industriel aux États-Unis, dans un bras de fer sans précédent avec la Chine, apporte des résultats positifs : des constructeurs automobiles (Ford, Fiat-Chrysler) ont relocalisé une partie de leur production, comme McIntosh, ou Apple qui envisage de relocaliser 15 % à 30 % de sa production hors de Chine.
En janvier 2019, le montant des importations américaines de marchandises taxées avait baissé de 27 % sur 1 an, passant de 130 à 95 milliards de dollars.
L’emballage plastique, prochain combat de la distribution
Les produits bio se généralisent dans la grande distribution, avec un chiffre d’affaires passé de 5,9 à 9,7 milliards d’euros entre 2015 et 2018.
Mais ce label qui fait office de garde-fou, ne doit pas cacher un autre enjeu écologique : le packaging plastique qui concerne tous les secteurs d’activité. Une étude mondiale du site d’information américain Orb Media révèle que 83 % de l’eau du robinet est contaminée par les microplastiques.
Ce taux s’élève à 94 % aux États-Unis, et ne passe pas sous la barre des 72 % en France, au Royaume-Uni et en Allemagne. Les fibres des vêtements synthétiques seraient aussi en cause. Dans l’alimentaire, le vrac généralisé et son cortège de bactéries et autres surprises n’est pas la solution. Mais le monde de la grande distribution va devoir arrêter le suremballage et innover dans le packaging, pour réduire ce volume.